Annoncé en février 2020 par le comité d’organisation des jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 dans le cadre de son programme « héritage », le dispositif des 30 minutes d’activité physique quotidienne (APQ) vise initialement à lutter contre la sédentarité des enfants.
S’adressant dans un premier temps à des écoles volontaires, il a été généralisé à l’ensemble des écoles primaires à la rentrée 2022. Deux ans après celle-ci, la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport a évaluer la mise en œuvre territoriale de ce dispositif.
Loin de l’affirmation présidentielle évoquant une pratique qui concernerait 90 % des élèves du primaire, le constat réalisé sur le terrain par les rapporteurs met en évidence un manque de coordination entre les différents acteurs, un déploiement partiel et des interrogations sur les objectifs à atteindre.
Pour éviter que le dispositif ne soit abandonné une fois les Jeux olympiques et paralympiques terminés,
la commission a formulé six recommandations visant à réaffirmer les objectifs de santé publique qui lui ont été assignés, à accompagner les enseignants dans sa mise en œuvre au quotidien et à associer l’ensemble des acteurs intervenant sur les temps de l’enfant.
Un dispositif aux ambitions claires mais à la mise en œuvre complexe
Inspiré des recommandations de l’OMS visant 60 minutes d’activité physique par jour pour les 6-12 ans, le programme a été conçu pour contrer une réalité alarmante :
⚠️Seuls 13 % des enfants respectent ces recommandations.
⚠️1 enfant sur 3 est en surpoids, un chiffre en constante augmentation.
L’objectif était clair : intégrer une demi-heure d’activité physique les jours sans cours d’éducation physique et sportive (EPS), avec une flexibilité permettant des séances fractionnées ou adaptées aux infrastructures existantes. Chaque école volontaire a reçu un kit sportif et des ressources pédagogiques pour faciliter l’organisation.
Cependant, la généralisation rapide du dispositif, annoncée à l’été 2022, a laissé de nombreux enseignants démunis face à un manque de préparation et de moyens spécifiques.
Un bilan contrasté
Malgré des annonces présidentielles optimistes évoquant « 90 % des enfants de primaire réalisant les 30 minutes d’activité physique par jour », la réalité est bien différente. Selon une enquête de la DGESCO:
❌Seulement 42 % des écoles appliquent réellement les 30 minutes APQ pour la majorité de leurs élèves.
❌À fin mai 2024, seules 62 % des écoles de l’Essonne avaient reçu un kit sportif, contre une moyenne nationale de 90 % à la même période.
❌Trois principaux freins ont été mis en évidence: un manque de temps, un manque d’espace et un manque de formation.
❌À peine 1 école sur 4 indique avoir été accompagnée à l’occasion de la mise en œuvre des 30 minutes d’APQ.
❌Les disparités territoriales, le manque de formation des enseignants et l’absence de moyens spécifiques pèsent lourdement sur le déploiement.
✅Le principal effet constaté par les enseignants est une amélioration des conditions d’apprentissage, les pauses actives favorisent la concentration des élèves et créent un climat scolaire apaisé avec de meilleures interactions entre eux.
Recommandations pour un second souffle
Recommandation n° 1:
➡️En lien avec les agences régionales de santé, mesurer l’impact du dispositif en matière de lutte contre la sédentarité sur une cohorte d’élèves.
Recommandation n° 2:
➡️Afin de rappeler l’objectif premier de santé publique de ce dispositif, le renommer : « PABE » pour « pauses actives et de bien-être ».
Recommandation n° 3:
➡️Recourir à un marquage dynamique dans les cours d’école permettant une diversité d’activités physiques et de jeux actifs afin d’inciter les enfants à se dépenser.
Recommandation n° 4:
➡️Associer les intervenants du temps périscolaire à la mise en œuvre d’activité physique quotidienne (APQ) et élaborer conjointement périodiquement (par exemple une fois par trimestre) de nouvelles activités ludiques que les enfants pourront mettre en œuvre pendant les temps de récréation ou périscolaires (jeux dynamiques, danse …).
Recommandation n° 5:
➡️Afin d’ancrer le dispositif au-delà des Jeux olympiques et paralympiques :
– inclure dans les formations initiale et continue portant sur les savoirs fondamentaux des exemples « d’apprentissages dynamiques » en lien avec l’APQ;
– former en trois ans au moins un enseignant par école spécifiquement sur l’AP;
– mettre davantage en avant les bonnes pratiques d’enseignants sur les sites de ressources pédagogiques du ministère de l’éducation nationale, afin de favoriser le partage d’expériences.
Recommandation n° 6:
➡️Afin de lutter contre la sédentarité des jeunes, rappeler aux parents en début d’année les objectifs de dépense physique fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les associer systématiquement à la réalisation de cet objectif, par exemple à travers des défis à réaliser en dehors du temps scolaire.
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