Soigner le corps, le cœur et le lien social par la danse
À l’occasion de la Journée Internationale de la Danse, le 29 avril 2025, nous mettons en lumière un outil de santé puissant, poétique et encore trop peu reconnu : la danse santé.
Dans notre région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les initiatives liant art du mouvement et santé sont encore rares, mais les potentiels sont grands. Et les besoins, eux, sont bien réels.
La danse santé, un outil à 360° : corps, esprit, lien
Danser, c’est une activité physique, certes, mais aussi une expérience sensorielle, cognitive, expressive, relationnelle. Une activité qui soigne à plusieurs niveaux :
- Santé mentale : Une méta-analyse récente publiée dans Frontiers in Psychology a démontré que la danse est particulièrement efficace pour réduire les symptômes dépressifs, notamment chez les personnes atteintes de maladies neurodégénératives . Elle stimule la sérétonine, relâche les tensions, favorise l’estime de soi.
- Santé cognitive : Des chercheurs de l’Université de Sydney ont observé en 2024 que la danse, par son caractère combinatoire (coordination, mémoire, créativité), favorise les fonctions cognitives et prévient le déclin lié à l’âge.
- Santé physique : Mobilité articulaire, renforcement musculaire, équilibre, capacités cardio-respiratoires : tout le corps est engagé de façon douce et joyeuse. Chez les seniors, elle prévient les chutes et stimule la plasticité neuronale. (source : étude de VA Bruyneel, 2019)
- Santé sociale : En groupe, elle permet de rompre l’isolement, de se sentir appartenir, de recréer du lien dans des parcours de soin ou des situations de vulnérabilité.
Une réponse douce à la Grande Cause Nationale 2025
En 2025, la santé mentale devient une priorité nationale, notamment chez les jeunes. Et si la danse faisait partie de la réponse ? Non pas comme un traitement, mais comme une voie douce, joyeuse et non stigmatisante pour aller mieux. Danser, c’est s’exprimer sans avoir à parler, c’est se reconnecter à soi, c’est respirer.
Comment faire vivre ce mouvement dans le quotidien des jeunes ?
- À l’école ou en formation, proposer des moments de danse pour souffler, se recentrer, créer. Des pauses actives ou des projets artistiques co-construits avec les équipes éducatives.
- Dans les lieux de vie des jeunes, comme les MJC ou les centres sociaux, offrir des espaces de danse sans pression, sans jugement. Juste pour le plaisir de bouger ensemble.
- Sur les réseaux, diffuser des vidéos qui donnent envie de danser librement, lancer des défis autour de l’expression personnelle, faire entendre la voix de ceux qui ont trouvé dans la danse une échappée belle.
- Former les professionnels de la danse, afin qu’ils puissent animer ces moments avec bienveillance, accueillir les jeunes comme ils sont, et créer avec eux des espaces sécurisants et libérateurs.
- Organiser des temps forts, comme des soirées de danse sans alcool, des ateliers “danse ton stress”, ou des rencontres autour du mouvement et de l’estime de soi.
Danser pour bien vieillir : équilibre, mémoire, plaisir
Et si vieillir devenait une danse ? En région Sud, où les enjeux liés à l’âge sont bien présents, la danse pourrait être un véritable levier de bien-être pour les seniors. Accessible, joyeuse, elle stimule le corps, l’esprit… et le lien social.
Comment l’intégrer dans le quotidien des aînés ?
- Dans les parcours de santé, proposer des séances adaptées : danse douce, sur chaise, ou libre. Travailler l’équilibre, la mémoire, mais surtout… le plaisir de bouger ensemble.
- Dans les lieux de vie, inviter la danse dans les résidences, EHPAD ou clubs de retraités. De façon régulière ou ponctuelle, autour d’un événement ou juste pour le plaisir d’un après-midi en musique.
- Casser les barrières entre les générations : faire danser jeunes et moins jeunes ensemble, partager des danses d’hier et d’aujourd’hui, créer du lien par le mouvement.
- Changer le regard, montrer que danser, ce n’est pas “être performant” : c’est être vivant. Mettre en lumière des seniors qui dansent avec grâce, énergie, liberté.
- Soutenir ces initiatives localement, en intégrant la danse dans les projets “sport-santé” ou “bien vieillir”, et en encourageant les lieux de danse à ouvrir leurs portes aux aînés.
Former les professionnels à la danse santé : un pas décisif
Pour permettre à la danse santé de prendre pleinement sa place dans les parcours de soin, de prévention et de bien-être, il est essentiel de former des professionnels capables de concevoir des séances adaptées, sécurisées et inspirantes.
Dans cette dynamique, l’Université Côte d’Azur propose un Diplôme Universitaire “Danse, santé et vieillissement”, une formation innovante à la croisée des arts du mouvement, de la gérontologie et des sciences de la santé.
Ce DU s’adresse aux professionnels du soin, du sport, de la culture ou du social souhaitant acquérir des compétences spécifiques pour utiliser la danse comme levier de santé, notamment auprès des publics vieillissants.
C’est une étape clé pour faire émerger une nouvelle génération de médiateurs du mouvement, à la fois sensibles, créatifs et rigoureux, capables d’apporter la danse là où elle manque le plus.
👉 Pour en savoir plus : DU Danse, santé et vieillissement – Université Côte d’Azur
Pourquoi si peu de danse santé aujourd’hui dans les studios de danse ?
Malgré tous ces bienfaits, la danse santé est encore peu proposée. Plusieurs freins persistent :
- Une image parfois trop compétitive ou esthétique de la danse.
- Des enseignants peu formés aux publics fragiles.
- Un manque de reconnaissance institutionnelle de la danse comme outil de soin.
Pourtant, de nombreuses structures sont prêtes à innover.
Comment encourager les studios à ouvrir leurs portes ?
- Former les professeurs à l’encadrement bienveillant et sécurisé des publics spécifiques.
- Créer des ponts entre le monde du soin et celui de la danse (prescriptions, projets communs).
- Valoriser les projets existants en les référençant.
- Sensibiliser à la notion de “danse pour tous”, sans jugement ni compétition.
👉 En ce 29 avril, à l’occasion de la Journée Internationale de la Danse, faisons une place plus grande dans notre paysage sport-santé. Osons faire danser la santé !
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