Les adolescentes ont une activité physique insuffisante
À l’occasion de la Journée mondiale de l’obésité, l’OMS met l’accent sur ce problème qui ne cesse d’empirer dans le monde entier, et peut avoir de graves conséquences pour la santé et le bien-être. Une nouvelle étude intitulée « Barriers and Facilitators of Physical Activity Participation in Adolescent Girls » [Facteurs entravant ou facilitant la participation des adolescentes à une activité physique] est porteuse de bonnes nouvelles : il est tout à fait possible d’intervenir pour changer cette situation.
Les filles veulent éviter la compétition
Matilde, une adolescente portugaise, a pratiqué plusieurs sports dans son enfance, dont la danse classique, le karaté, la natation et le volley-ball. Mais maintenant, à l’âge de 16 ans, elle ne se dépense plus physiquement, « principalement en raison d’un manque de temps et de soutien de la part de mes camarades », dit-elle.
« Les filles plus âgées arrêtent le sport parce que les études à l’école ou à l’université sont trop astreignantes, et nous avons tendance à nous engager dans d’autres activités qui demandent moins d’efforts et de motivation », ajoute-t-elle. « À cet âge, la plupart des filles veulent absolument éviter la compétition, et celle-ci est très présente dans les activités habituellement pratiquées par les garçons. »
L’activité physique des filles diminue avec l’âge
Une étude exhaustive de l’OMS sur l’activité physique des filles âgées de 10 à 19 ans a révélé qu’il était urgent de prendre des mesures pour protéger le bien-être de la génération actuelle des jeunes tout en préservant leur santé à long terme.
« À l’échelle mondiale, quelque 85 % des filles n’appliquent pas les recommandations de l’OMS, à savoir 60 minutes d’activité physique modérée à intensive par jour », explique Stephen Whiting, administrateur technique au Bureau européen de l’OMS pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles, et l’un des auteurs de cette étude. « Pour les garçons, le pourcentage est d’environ 78 %. Et les filles font de moins en moins d’exercice et de sport au fur et à mesure qu’elles avancent dans l’adolescence. »
L’activité physique chez les adolescents, source d’estime de soi et de bienfaits sur le plan cognitif
Une activité physique régulière a des effets positifs bien connus pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles (MNT), telles que les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète et la dépression. Elle réduit la mortalité globale et limite le risque de décès prématuré. Chez les enfants et les adolescents, une activité physique adéquate a également des effets bénéfiques sur le développement cognitif, la motricité, l’estime de soi, l’intégration sociale, la santé musculo-squelettique, les résultats scolaires et le bien-être général.
L’infrastructure urbaine peut encourager la mobilité
« Un grand changement s’est produit lorsque nous avons déménagé des États-Unis en Suède », explique Sebastian Johnson-Cadwell, un père de 3 enfants vivant près de Malmö (Suède). « À Los Angeles, on marche de la maison à la voiture, puis c’est le bureau ou l’école, et la même chose au retour. Et les transports en commun ne sont pas vraiment une option. Ici, même s’ils prennent le bus pour aller à l’école, ils doivent marcher 5 à 10 minutes avant et après. L’infrastructure publique favorise réellement leur mobilité au sens littéral du terme, dans la mesure où ils marchent. »
Les décideurs devraient envisager leurs villes de manière à promouvoir des déplacements actifs là où la plupart du temps, les parents amènent leurs enfants à l’école en voiture. « On a constaté que la sécurité et le caractère attractif de l’environnement constituent l’un des facteurs clés déterminant l’activité physique des adolescentes », déclare Stephen Whiting.
Un meilleur soutien en faveur de l’activité physique à l’école
« Au début de son adolescence, elle a commencé à faire de l’innebandy – connu sous le nom de floorball, un sport national en Suède – et des choses comme ça », dit Sebastian Johnson-Cadwell en parlant de sa fille de 17 ans. « Mais elle est en fin d’adolescence, maintenant. Et donc, elle pratique moins d’activités de groupe. Nous avons l’habitude d’aller promener le chien quelques fois par jour, et elle nous accompagne souvent. Mais à part ça, elle ne fait pratiquement pas de sport, sauf à l’école. »
C’est pourquoi l’un des domaines d’action les plus importants recensés par l’OMS est, au-delà des changements apportés aux programmes scolaires, le recensement des possibilités d’activité physique avant, pendant et après la journée d’école.
Stephen Whiting souligne que « les stratégies qui font le lien entre les programmes de cours, l’environnement scolaire au sens large et les programmes communautaires locaux peuvent être mises en œuvre pour augmenter la participation des adolescentes ».
La stratégie doit être élargie jusqu’à inclure une formation supplémentaire pour les enseignants et susciter un engagement chez la famille et les camarades.
Lever les obstacles
L’OMS/Europe a maintenant publié l’aide-mémoire « Barriers and Facilitators of Physical Activity Participation in Adolescent Girls » [Facteurs entravant ou facilitant la participation des adolescentes à une activité physique], qui résume les conclusions de l’étude et recense les domaines où l’on peut prendre des mesures en cohérence avec le Programme de travail européen 2020-2025 de l’OMS.
Pour augmenter les niveaux de participation des adolescentes à une activité physique et sportive, il faut des mesures fondées sur des bases factuelles et incorporant une démarche sexospécifique. Ces mesures peuvent supprimer les entraves à une activité physique chez les adolescentes – des obstacles tels qu’un manque de temps, le sentiment d’un manque de compétences sportives et des inquiétudes quant à la sécurité dans le voisinage.
Cet aide-mémoire met en évidence une foule d’éléments pouvant contribuer à remédier à la baisse d’activité physique des filles pendant l’adolescence – depuis la promotion des possibilités de socialisation jusqu’aux avantages d’une perte de poids, en passant par une attention médiatique pour l’évolution des normes sociales – ce qui veut dire qu’il y a de nombreuses raisons d’espérer que cette tendance à long terme puisse être inversée.