Comme la dépression est la principale source de morbidité liée à la santé mentale avec une prévalence pouvant être réduite par l’activité physique, mais que la relation dose-réponse entre activité et dépression demeure incertaine, les auteurs ont réalisé une revue systématique de la littérature et une méta-analyse d’études prospectives concernant des adultes pour préciser cet éventuel effet protecteur de l’activité physique sur une dépression incidente.

Incluant quinze études rapportant une activité physique et des estimations du risque de dépression, cette méta-analyse porte sur plus de 190 000 participants (représentant un suivi de plus de deux millions d’années-personnes avec plus de 3 000 adultes suivis durant au moins 3 ans). Les associations spécifiques ont été estimées à l’aide de la méthode des moindres carrés généralisés.

Les dépressions répertoriées consistent soit en un trouble dépressif majeur, soit en symptômes dépressifs marqués (elevated depressive symptoms). Les auteurs observent l’existence d’une association dose-réponse curviligne inverse entre l’activité physique et la dépression, avec une hétérogénéité importante et significative.

 

Un risque de dépression réduit de 25 % avec le niveau d’activité physique recommandé par l’OMS

Comparativement aux sujets ne déclarant aucune activité physique, ceux pratiquant au contraire « la moitié du volume d’activité physique recommandé » par l’OMS (environ 4,4 MET-h/semaine) présentent un risque de dépression inférieur de 18 % (intervalle de confiance à 95 % IC95 13 % à 23 %). Et les sujets accumulant « le volume recommandé » d’activité physique par semaine (8,8 MET-h/semaine) présentent un risque de dépression inférieur de 25 % (IC95 18 % à 32 %).

Mais au-delà de ce niveau d’exercice physique préconisé, il y a davantage d’incertitude en matière de bénéfice psychiatrique voir même une tendance à l’augmentation du risque en cas de dépression majeure

 

À partir d’une évaluation de l’activité physique parmi les cohortes incluses, les auteurs estiment qu’environ 11,5 % (IC95 7,7 % à 15,4 %) des cas de dépression auraient pu être évités, si les adultes moins actifs avaient atteint les recommandations actuelles en matière d’activité physique. En confortant l’existence d’avantages significatifs de l’activité physique pour la santé mentale, et cela « même à des niveaux d’activité inférieurs aux recommandations de santé publique », cette étude des associations entre exercice physique et dépression incite les praticiens à encourager l’augmentation de l’activité physique pour améliorer la santé mentale.

 

Référence

Pearce M et coll.: Association between physical activity and risk of depression, a systematic review and meta-analysis. JAMA Psychiatry; 2022 vol 79(6): 550–559.

Étude initiale : Association Between Physical Activity and Risk of Depression: A Systematic Review and Meta-analysis

 

Traduction & synthèse : Dr. Marc CHARLES